Élu à une majorité très écrasante et incontestable le 12 avril 2025 sur la base de son projet de société « Bâtissons l’édifice nouveau pour notre essor vers la félicité », le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema est vivement attendu dans la mise en oeuvre de cet ambitieux projet en ce qui concerne le Pilier 4 « Capital humain et justice sociale ».
En effet, en s’engageant à investir dans la santé, l’éducation et l’inclusion sociale, le futur locataire du palais Rénovation prend le pari de transformer tout l’homme.
S’il est avéré que de nombreuses ressources financières ont été mobilisées par l’Etat ces dernières années, avec l’appui des partenaires au développement pour améliorer l’offre de soins par la réhabilitation ou la modernisation, et même la construction des structures de qualité à travers le pays, non sans oublier les équipements de dernière génération, il est aussi un fait indéniable, les récriminations sont de plus en plus nombreuses dans le milieu hospitalier au Gabon.
Pour passer du discours à l’action, les décideurs gagneraient à mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, améliorer l’accueil et la gouvernance dans ce secteur vital.
L’administrateur de santé au cœur de la gestion hospitalière.
Le lundi 14 avril 2025, pour sa première prise de parole en public, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema est longuement revenu sur la promotion au mérite tout en fustigeant les parachutages et autres voies obscures de promotion des cadres. Ses propos sont conformes à son projet de société, à travers le Pilier 4 susmentionné où il s’engage à veiller à ce que « toutes les décisions et nominations soient davantage fondées sur le mérite et les compétences, plutôt que sur des affiliations politiques, communautaires ou des protections liées à des cercles d’influence. Mon objectif est de créer une administration basée sur la primauté du mérite. »
Cette volonté manifeste est gage d’une bonne gouvernance du secteur santé.
Toutefois, pour y parvenir, il faudrait revenir à l’évaluation et à la notation de l’agent public et au respect des compétences acquises par chacun.
Premièrement, l’application du décret No 374/MFPRAME du 26 mai 2000 réglementant la notation des fonctionnaires et des agents contractuels de l’Etat apparaît comme l’outil indispensable et objectif afin de promouvoir au mérite. Cet outil permettrait comme dans les Saintes Écritures de « séparer le bon grain de l’ivraie » en confiant, en toute transparence, des responsabilités à ceux qui se démarquent et non à ceux qui sont pistonnés. C’est peut-être l’objectif visé par l’actuel Premier ministre lorsqu’il a réuni les Secrétaires Généraux de ministères en les instruisant de produire de nouveaux outils d’évaluation de l’agent public.
Deuxièmement, le respect des compétences acquises dans la promotion des responsables des structures sanitaires et hospitalières.
Certes, le diplôme demeure une présomption de connaissances, mais il sert à classer les uns et les autres dans leur catégories socioprofessionnelles respectives. Quoi qu’on dise, l’administration est une science à part entière. La gestion financière et des ressources humaines ne doit pas être improvisée. A partir de cet instant, il ne serait pas présomptueux de demander que l’administrateur de santé soit placé au cœur de la gestion hospitalière et sanitaire, non sans négliger l’apport inestimable des autres professionnels du secteur, chacun dans son couloir.
La loi No 10/2001 du 14 décembre 2001 portant statut particulier des fonctionnaires du Secteur Santé a le mérite d’énumérer de manière exhaustive les spécialités du secteur mais surtout les fonctions que les uns et les autres sont susceptibles d’occuper.
Au terme des dispositions de ladite loi, aucun administrateur de santé ne peut assumer des fonctions médico-techniques si ce n’est des fonctions purement administratives comme Directeur Régional de santé, Directeur d’hôpital, Chef de service administratif ou gestionnaire(article 142).
Malheureusement, ces fonctions managériales sont régulièrement occupées par ceux qui n’en ont pas la compétence car ayant été formés pour autre chose comme la prise en charge médicale des patients. Avec de nombreux dysfonctionnements et mouvements de grève en perspective.
Certes, certains Administrateurs de santé se seraient illustrés négativement dans la gestion tout comme certains médecins, mais pour le respect des normes, il serait souhaitable que la gestion hospitalière et sanitaire soit majoritairement confiée à ceux qui ont reçu une formation adéquate à ce propos, c’est-à-dire, les Administrateurs de Santé et les Attachés d’administration sanitaire et hospitalière.
L’accueil comme premier remède
Dans mon mémoire de fin de formation à l’Ecole Nationale d’Administration intitulé « L’impact des structures privées sur le système sanitaire gabonais : cas de l’hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné« , j’ai pratiquement consacré une dizaine de pages aux facteurs favorisant la fréquentation d’une structure hospitalière, c’est-à-dire l’accueil et la renommée de la structure. Une décennie plus tard, le constat reste le même : les patients sont mal accueillis. Or, pour reprendre Franck Martial Mombo et Elie Ngoungourou que je cite d’ailleurs, « L’admission du malade dans un hôpital est une période difficile. Il est généralement inquiet. L’attitude et le comportement de l’infirmier hospitalier jouent un grand rôle(p.27)« .
Autrement dit, le premier remède à administrer au patient c’est l’accueil qui lui est réservé peu importe son état à l’entrée de l’hôpital. L’indifférence, la désinvolture, l’impolitesse voire la sauvagerie sont les principales causes de la dégradation de l’état de santé dans les structures sanitaires publiques au Gabon. Du coup, il n’est pas difficile d’assister à une rixe entre les parents d’un patient et le personnel de santé, surtout au service des urgences. Les autorités publiques auraient beau investir dans le secteur, tant qu’un bel accueil ne serait pas fait aux usagers, il va de soi que la renommée de ces structures prendra un coup chaque année.
En conclusion, le respect de la norme et de la parole sacrée du numéro 1 des Gabonais sont susceptibles d’améliorer la gestion hospitalière au Gabon en plaçant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut et en considérant désormais le patient comme un usager-client.
Bertin Wilfried MEBA, Administrateur de santé, diplômé de l’ENA, Certifié en Administration publique et Management(MDI-Singapour 2014-2015), Professional Certificate in English(MDI-Singapour). Provided by SyndiGate Media Inc. (Syndigate.info).
