On le désigne sous le terme « Leraw » en wolof, les peuhls, quant à eux, l’appellent « liwogou » ; Lui, c’est le lamantin ouest africain qui continue d’alimenter les mythes et croyances populaires.
La légende raconte que « la fille d’un chef peuhl de Boundou Aéré fut contrainte par la magie de se marier à un vieux chef maure. Une nuit, elle réussit à s’enfuir et se jeta dans le fleuve. C’est alors que le magicien la rattrapa et après lui avoir coupé les mains et lié les pieds, la jeta dans le fleuve. Dieu la prit en pitié et la transforma en lamantin ».
Cette espèce mystérieuse est un gros mammifère aquatique, herbivore de 3 à 4 mètres appartenant à l’ordre des Siréniens et dont la masse peut dépasser 750 kg. Il vit dans les parties moyennes et basses des fleuves et rivières. Menacé de disparition, le lamantin est une espèce vulnérable qui figure sur la liste rouge de l’Union mondiale pour la Nature (UICN). Il est également protégé par la Convention sur les Espèces migratrices de la Faune sauvage (CMS) et par la Convention d’Abidjan. Ces mesures de protection viennent d’être renforcées par la signature récente au Togo d’un Protocole d’accord sur la conservation du lamantin et des petits cétacés engageant 15 États africains lors de la réunion de WATCH (Western African Talks on Cetaceans and their Habitats”).
Malgré le statut qui l’entoure, le lamantin fait l’objet de nombreuses menaces et constitue une proie privilégiée des chasseurs même si la chasse de l’animal est presque partout interdite. Apprécié pour la qualité de sa chair, son huile et ses vertus thérapeutiques, le lamantin reste très convoité par les communautés. La perte de son habitat, la capture accidentelle par les filets de pêche, le commerce illégal de l’espèce ainsi que certains ouvrages comme les barrages sont source de danger pour l’espèce.
Actuellement dans la région nord du Sénégal, la vie de dizaines de lamantins est en danger. Du fait de l’importance de la pluviométrie, les lamantins ont pu remonter assez haut en amont du fleuve Sénégal. Si l’action concertée du Service Régional des Pêches, du Service des Eaux et Forêts, des communautés de pêcheurs, d’organisations comme Wetlands International Afrique et Océanium a permis le sauvetage de deux d’entre eux, l’avenir des autres lamantins éparpillés dans les différents bras du fleuve reste préoccupant.
Ce drame relance le débat sur la nécessité de prendre en compte la biodiversité et particulièrement la migration des espèces dans la conception d’ouvrages en aménageant par exemple des systèmes de passage appropriés.
« En vérité, nous sommes des lamantins, qui selon le mythe vont boire à la source comme jadis, ils étaient quadrupèdes «