Frapper au porte-monnaie. C’est une technique souvent employée. Pour lutter contre les accidents de la route ou le narcotrafic. Et elle pourrait bien s’appliquer d’elle-même à la lutte contre le réchauffement climatique. Des économistes expliquent pourquoi.
Lutter contre le changement climatique va mettre à mal nos économies. Faire baisser notre niveau de vie. Éventuellement même, nous plonger dans la pauvreté. C’est ce que nous répètent les lobbies des combustibles fossiles. Et ils ont grand intérêt à ce que nous y croyions. En réalité, ce n’est absolument pas ce qu’estiment les économistes.
Une étude menée par des chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) le confirme aujourd’hui encore. C’est au contraire le réchauffement climatique qui menace nos activités économiques. Selon ces derniers calculs, près d’un quart du produit intérieur brut (PIB) mondial par habitant pourrait être perdu d’ici 2100 par rapport à un scénario où les températures continuent d’augmenter conformément à la tendance de la période 1960-2014.
Quel effet des températures sur l’économie ?
Dans la revue PLOS Climate, les économistes détaillent comment ils ont étudié l’impact d’une augmentation continue des températures entre 2015 et 2100 sur les pertes annuelles de PIB par habitant de 174 pays. Ils se sont, pour ce faire, basés sur les projections et les scénarios publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Ce schéma montre comment la hausse des températures (en abscisse) impacte négativement les revenus mondiaux (en ordonnée). © Mohaddes et al., 2025, PLOS Climate, CC-by 4.0
Et ils livrent leurs chiffres pour différents scénarios :
- avec une augmentation importante et continue des températures de 0,04 °C par an et un minimum de mesures d’atténuation ou d’adaptation, le PIB mondial par habitant pourrait baisser de 10 à 11 % d’ici 2100 ;
- avec un réchauffement toujours aussi important et des mesures d’adaptation quasi inexistantes, les chercheurs prévoient même des pertes de revenu par habitant de 20 à 24 % ;
- avec un réchauffement qui se limite au seuil prévu par l’Accord de Paris sur le climat – soit une augmentation de température de 0,01 °C par an -, le PIB augmenterait de 0,25 % par rapport au scénario où les températures continuent d’augmenter conformément à leurs tendances historiques.
Personne ne sera épargné par les effets économiques du réchauffement climatique
Les chercheurs observent par ailleurs des variations entre les pays. Les pays les plus chauds et à faibles revenus pourraient ainsi subir des pertes économiques de 30 à 60 % supérieures à la moyenne mondiale. Cela ne doit toutefois pas nous laisser penser que le changement climatique est un problème qui concerne surtout les pays du Sud. Ce que les économistes avaient tendance à estimer il y a moins de dix ans encore.
Les scientifiques en sont désormais convaincus, le réchauffement du climat réduit les revenus dans tous les pays, chauds comme froids, riches comme pauvres. Il ne touchera pas seulement l’agriculture et les secteurs associés à la nature. Il affectera aussi des secteurs allant des transports à l’industrie manufacturière et au commerce de détail. « Aucun pays n’est à l’abri des effets du changement climatique si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites… Il est urgent d’agir aussi pour protéger nos économies », concluent les chercheurs de l’université de Cambridge.