28.5 C
Dakar
mardi, septembre 2, 2025
spot_img

DÉCOUVERTE : LE PARACÉTAMOL FAVORISE LA RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES


La résistance aux antibiotiques est l’un des plus grands défis de la médecine moderne. L’antibiorésistance est en effet une cause majeure de mortalité dans le monde, causant davantage de décès que le Sida et le paludisme. Ce risque augmente rapidement et devrait causer la mort de près de 40 millions de personnes d’ici 2050. Lutter contre l’antibiorésistance est sans nul doute une urgence et devient une priorité scientifique, avec le développement de nouveaux antibiotiques qui pourraient remplacer les anciens, désormais peu efficaces.

Mais cette lutte requiert aussi que l’on diminue les risques d’antibiorésistance, et l’un de ces risques serait la polypharmacie, c’est-à-dire le fait de prendre plusieurs médicaments simultanément. Car, selon une nouvelle étude de l’Université d’Australie du Sud, même des médicaments en apparence inoffensifs peuvent favoriser la résistance aux antibiotiques des bactéries s’ils sont administrés en même temps. L’étude a été publiée le 25 août 2025 dans la revue npj Antimicrobials and Resistance.

Certains médicaments aident les bactéries à se protéger des antibiotiques

Les chercheurs ont étudié l’effet sur l’antibiorésistance de neuf médicaments (dont le paracétamol, l’ibuprofène, le tramadol et la metformine), en conjonction ou pas avec l’antibiotique ciprofloxacine, régulièrement utilisé pour les infections urinaires, entre autres. Deux souches différentes de la bactérie E. coli ont été traitées avec ces combinaisons médicamenteuses, montrant que certains de ces mélanges aident les bactéries à se défendre de l’antibiotique. Et ceci même lorsque ces médicaments sont administrés à des concentrations semblables à celles que l’on trouverait dans les intestins d’une personne les ayant pris.

Isolés, aucun de ces médicaments n’avait le moindre effet sur ces bactéries. C’était uniquement en présence de la ciprofloxacine que l’on observait un effet. Ainsi, le paracétamol et l’ibuprofène augmentaient le taux de croissance des bactéries malgré l’action de l’antibiotique, comparé à ce qui était observé uniquement avec ce dernier.

Le paracétamol et l’ibuprofène favorisent la mutagenèse des bactéries en présence d’un antibiotique

Cette protection serait en partie due à un taux de mutations plus élevé en présence de ces médicaments et de l’antibiotique. Après avoir cultivé les bactéries avec l’un de ces médicaments et l’antibiotique durant 48 heures, les chercheurs ont identifié un grand nombre de mutants partiellement résistants à l’antibiotique. Pour ceux-ci, il fallait multiplier la dose d’antibiotique jusqu’à 16 fois pour parvenir à les tuer. Pire : cette résistance créée en présence de ciprofloxacine était valable non seulement contre cet antibiotique, mais aussi contre d’autres, telle que la lévofloxacine et le céfépime.

Et cet effet antibiorésistant était encore plus élevé lorsque plusieurs médicaments étaient présents en même temps (par exemple, le paracétamol en simultané avec l’ibuprofène et l’antibiotique). Selon les auteurs, cela souligne le risque d’antibiorésistance de la polypharmacie, lorsqu’une personne reçoit plusieurs traitements en même temps. “Ceci est très fréquent dans les établissements pour personnes âgées, car elles sont souvent traitées avec différents médicaments en simultané, des antibiotiques, mais aussi des pilules contre la douleur, pour favoriser le sommeil, etc., rappelle la directrice de l’étude, Henrietta Venter, dans un communiquéC’est un contexte idéal pour l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques.”

Ces mutations favorisent l’antibiorésistance

Les chercheurs ont séquencé les génomes de ces mutants résistants, afin d’identifier les gènes modifiés par ces mutations. Plusieurs d’entre elles concernaient des protéines liées à la réponse au stress, ainsi que des pompes d’efflux, que les bactéries utilisent pour rejeter à l’extérieur des composés toxiques. Ces mutations augmentaient l’expression de ces pompes, ce qui permettrait aux bactéries de se débarrasser de l’antibiotique. Hypothèse qui a été confirmée en traitant les bactéries avec un bloqueur de ces pompes d’efflux : sans elles, la résistance aux antibiotiques des bactéries disparaissait ou baissait significativement.

Cette étude nous rappelle qu’il est important de prendre en considération les risques d’utiliser plusieurs médicaments en même temps, souligne Henrietta Venter. Cela ne veut pas dire qu’on doit arrêter ces traitements, seulement qu’on doit faire attention à la manière dont ils pourraient interagir avec des antibiotiques.”


Src : sciencesetavenir

Related Articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

RENTRÉE IMEM 2025-2026

spot_img

VOTRE MAGAZINE

spot_img

VOTRE BD ENVIRONNEMENTALE

spot_img

VIDÉO DU MOIS

NOUS TROUVER

Dakar
partiellement nuageux
28.5 ° C
28.5 °
28.1 °
84 %
4.1kmh
40 %
mer
28 °
jeu
27 °
ven
27 °
sam
27 °
dim
27 °

Latest Articles