La pêche artisanale, pilier économique et social du Sénégal, traverse une période difficile. Aliou Sall, anthropologue et directeur de l’ONG Crédit Type, spécialisée dans la pêche, partage son analyse sur l’évolution de ce secteur vital pour le pays.
Depuis plus de 30 ans, Aliou Sall observe la pêche artisanale au Sénégal. Selon lui, la situation ne cesse de se dégrader. Traditionnellement, ce secteur a toujours été une source essentielle de revenus pour de nombreuses communautés sénégalaises. Cependant, les perspectives économiques et sociales se sont assombries, principalement en raison d’une mauvaise gouvernance des ressources halieutiques.
La mauvaise gestion des ressources maritimes s’est manifestée par des accords de pêche désavantageux, notamment avec l’Union européenne, qui ont conduit à une surexploitation des ressources. Cette surexploitation prive les communautés locales de leurs moyens de subsistance. Aujourd’hui, la situation est encore plus préoccupante avec l’arrivée de partenaires chinois, dont les pratiques de pêche et de détournement de production exacerbent la crise.
L’impact de l’économie bleue
L’économie bleue, bien que prometteuse, pose également des défis. Ce concept, qui englobe les activités économiques liées à la mer, est censé être durable. Cependant, au Sénégal, il se traduit par des dommages environnementaux et sociaux. L’exploitation du pétrole, du gaz, et le développement d’infrastructures portuaires entraînent une privatisation des espaces maritimes, limitant l’accès des pêcheurs à leurs zones de pêche traditionnelles.
Aliou Sall souligne que l’économie bleue n’est pas intrinsèquement mauvaise, mais elle doit être gérée de manière à respecter les droits fondamentaux des communautés locales. Il est crucial de trouver un équilibre entre développement économique et préservation des moyens de subsistance des pêcheurs.